Signe des temps, près de 20 % des participants aux groupes choisissent aujourd’hui de se mettre à leur compte, de créer ou de reprendre une entreprise. Ils étaient jusqu’à présent un peu les oubliés de la méthode car le Guide Vert n’y consacrait que quelques lignes. Un groupe de travail s’est penché sur le sujet et a élaboré une partie entièrement nouvelle avec pour objectif de guider pas à pas les participants qui choisissent cette voie. Et de permettre aux Marraines et aux Parrains de mieux les accompagner. Delphine Schapira a piloté ce groupe.
Comment est né le projet de compléter le Guide Vert avec une partie destinée à l’entrepreneuriat ?
Lors de mes animations en tant que marraine j’ai été à plusieurs reprises confrontée à des participants qui voulaient s’installer comme solo entrepreneur ou qui souhaitaient créer ou reprendre une entreprise. Je me suis alors trouvée assez démunie avec ce que le Guide Vert proposait. Ensuite, comme marraine référente, j’ai eu des remontées semblables de la part des personnes que je suivais. C’était aussi la conviction d’Alain Pasquereau qui avait déjà commencé à travailler sur le sujet et de Christel de Bethmann et Estelle Mironesco qui y consacraient un atelier intergroupe intitulé « Moi chef d’entreprise »..
Par ailleurs, le marché du travail a beaucoup évolué – j’ai moi-même quitté un emploi de salariée que j’avais occupé pendant vingt ans pour lancer mon activité en solo – et, si le salariat attire encore une grande majorité de ceux qui viennent à l’AVARAP, de plus en plus de participants souhaite s’en extraire. C’est pour eux que nous nous sommes mobilisés.
Comment avez-vous procédé ?
Nous voulions travailler de façon agile et efficace. Pour cela nous avons constitué un groupe composé d’Alain Pasquereau, de Christel de Bethmann et d’Estelle Mironesco. Et nous avons associé Michèle Dupré qui pilote toutes les évolution du Guide Vert et dont les compétences nous étaient indispensables. Nous avons commencé à travailler en mai et rendu nos travaux en juillet de cette année. Les réunions se sont tenues avec ZOOM, Alain étant à Toulouse. Chacun travaillait ses parties et nous avons confronté nos différents apports au cours de 6 séances plénières.
Quelles ont été les grandes lignes de vos travaux ?
Nous nous sommes appuyés sur l’expérience de Christel et d’Estelle et nous avons, dans un premier temps, cerné le public cible. C’est celui des indépendants et des solo-entrepreneurs, deux populations aux besoins et objectifs voisins, et le public des créateurs repreneurs d’entreprises.
Comme, trop souvent, ceux qui se lancent en solo le font un peu au doigt mouillé et partent la fleur au fusil sans se demander combien ils veulent gagner ni quelle somme il faut investir pour lancer une activité, nous avons élaboré un document qui est d’abord un support de réflexion. Il s’organise autour de six grandes parties :
• le produit et son marché,
• le chiffre d’affaires visé,
• le positionnement stratégique,
• les moyens commerciaux,
• les moyens de production,
• le dossier financier, pour lequel nous avons bénéficié de la compétence et du savoir-faire d’Alain Pasquereau qui a mis au point un tableau Excel qui permet, en entrant des hypothèses, de connaître rapidement les chances de succès du projet.
Nous n’avions pas pour ambition d’être exhaustifs mais nous voulions proposer un outil qui constitue une première approche permettant au participant de savoir s’il se lance ou pas. Cet outil est sûrement suffisant pour les solo-entrepreneurs. Les créateurs et repreneurs d’entreprises devront se tourner vers d’autres structures – comme les CCI ou l’ACCRE – pour affiner leur projet.
En tout état de cause, la partie telle qu’elle est conçue permet de se poser les bonnes questions et constitue une aide précieuse pour les participants et pour les marraines et parrains qui les accompagnent dans leur démarche.
Pour compléter ce travail, le participant doit se poser une question essentielle : Est-ce que j’ai le profil d’une entrepreneur ? Pour y répondre, les outils existent dans le Guide Vert. Et l’apport du regard du groupe est essentiel.
Avec ce travail, le Guide Vert répond maintenant à deux catégories de publics : les salariés, avec le projet professionnel « classique » et les porteurs d’un projet d’entrepreneuriat.
Allez-vous réactualiser cette partie ? A quelle fréquence ?
Nous allons diffuser le nouveau Guide Vert à la prochaine promotion de Marraines et de Parrains qui va être opérationnelle en décembre et le mettre à la disposition de tous ceux qui prennent un groupe. Nous allons être très attentifs aux remontées – positives ou négatives – des P/M et des participants. Nous n’avons pas le projet de remettre le travail sur le métier avant une phase de tests qui prendra au moins deux ans.
Je voulais enfin souligner le plaisir que nous avons eu à réaliser ce travail collectif dans le bon esprit qui caractérise les groupes AVARAP. Et remercier Christel, Estelle, Alain et Michèle pour leur collaboration efficace.