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Portrait Sophie Le Peley
 

AVARANEWS N° 28 - OCTOBRE 2019

 

 

Sophie Le Peley : « L’AVARAP m’a permis d’identifier une envie
qui sommeillait en moi depuis toujours »

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Il a fallu le parcours AVARAP pour que Sophie Le Peley s’investisse dans le secteur des personnes âgées. Un choix qui prend racine dans la relation privilégiée qu’elle a entretenue avec ses grands-parents. L’énergie et l’allant qu’elle y investit lui procurent de grandes satisfactions.

 

 A l’aube de la quarantaine, Sophie Le Peley a déjà opéré plusieurs changements d’orientation professionnelle. Le virage qu’elle prend après avoir vécu la séance de créativité qu'on appelle la Récolte lors de son parcours AVARAP est sûrement le plus radical !

Après avoir passé plus de dix ans dans le marketing de la finance, cette Francilienne, qui ne conçoit sa vie professionnelle que dans le mouvement et l’apprentissage, se saisit d’une des propositions les plus en rupture formulées lors de la séance de créativité : se rapprocher du secteur des personnes âgées pour prendre la direction d’une maison de retraite. Et y investit une belle énergie pour la formaliser et la concrétiser.

« J’ai découvert l’association AVARAP par les yeux d’une amie qui avait intégré un peu avant moi un groupe, se souvient-elle. Son enthousiasme était communicatif. Dès le démarrage de mon groupe, j’ai ressenti tout le bénéfice que je pouvais tirer de cette approche collective et de ce travail de fond inscrit dans la durée. »

Son groupe, qui se réunit tous les lundis soirs dans le XVIIe arrondissement, est assez équilibré et il compte une majorité de participants en poste. Les âges sont assez variés et les parcours très différents. Très vite, Sophie décide de mettre fin à son activité professionnelle – elle alors une des collaboratrices de l’entreprise d’immobilier familiale – pour consacrer plus de temps à la définition et à la mise en œuvre de son projet professionnel.

Comme beaucoup, elle vit de façon un peu angoissante la phase du miroir puis elle présente sa Récolte. Elle a du mal à faire le tri parmi les près de 150 post-it qui lui sont proposés et elle peine à sélectionner ses trois cibles. Celle qu’elle retient dans un premier temps est en continuité avec ses précédentes expériences et elle songe très sérieusement à se lancer dans la communication et les partenariats pour une école de commerce qui aurait un volet international.

Il faut dire que Sophie est une habituée des virages professionnels. Bonne élève, elle suit une formation littéraire et fait des études de langue et de civilisation anglaises. Son premier job est basé à Londres où elle effectue des traductions pour un syndicat professionnel. Son univers évolue entre Londres et Bruxelles.

De retour à Paris, elle complète son cursus par un DESS de commerce international (toujours pour utiliser les langues) et elle intègre une société de fabrication d’explosifs.

Elle travaille ensuite pendant une dizaine d’années dans la finance où elle gère la communication de diverses sociétés de fonds d’investissement, françaises puis anglaises. Sophie, qui passe volontiers d’un secteur d’activité à un autre, retrouvera avec bonheur cette qualité à l’AVARAP où « on nous conduit à croire en nos capacités d’adaptation et où l’on nous apprend à mobiliser nos compétences transverses. »

 

Réfléchir « au coup d’après »

Comme elle ne voit pas de perspective d’évolution possible dans le secteur de la finance, elle joue une fois de plus la carte de l’adaptabilité en rejoignant l’entreprise d’immobilier familiale, une façon de faire une pause, de se donner un temps de réflexion et de commencer à réfléchir « au coup d’après ».

Après sa Récolte, elle choisit une première cible en lien avec ses précédentes activités marketing : son projet professionnel est d’intégrer l’équipe de direction d’une école de commerce qui disposerait d’une section internationale. Mais cette option demande un travail de réseau important et une connaissance du secteur qui serait longue à acquérir.

Revient alors sur le devant de la scène une autre des pistes suggérées : travailler dans le secteur des personnes âgées et devenir – pourquoi pas – directrice d’une maison de vie ou d’un EPAD. Une cible qu’elle avait tout d’abord hésité à envisager – même si elle résonnait en elle – à cause des profils médicaux majoritairement demandés.

Lors de la participation à un salon pour l’emploi, elle a l’opportunité de s’entretenir avec un représentant de l’Institut Régional du Travail Social (IRTS). Elle découvre que plusieurs formations qualifiées existent dans le secteur des services aux personnes âgées, dont l’une à Paris-Dauphine – manager d’établissements médicaux-sociaux – et l‘autre à Léonard de Vinci (Hauts-de-Seine), les deux d’une durée de dix-huit mois.

Elle effectue des enquêtes métiers et entreprend des entretiens réseau. Elle rencontre divers profils de directeurs d’établissements pour personnes âgées, les uns débordant d’enthousiasme, d’autres désabusées et dépassés par l’ampleur des problèmes à gérer. Nombreux sont ceux qui ont rejoint ces postes après une reconversion. Elle peaufine son dossier, effectue une préparation à l’oral et se présente aux épreuves de recrutement.

Elle est vite séduite par la diversité des missions attachées à la fonction de direction d’établissement : il faut être agile pour traiter aussi bien des problèmes de cuisine que de RH, de soins, des problèmes administratifs, de représentation auprès des élus, etc. Elle vérifie aussi que son empathie pour cette tranche d’âge est réelle.

Elle intègre une formation qui alterne des périodes de formation théorique et des stages pratiques qui permettent de se confronter aux difficultés du métier. Cette maman de deux jeunes enfants avoue avoir vécu cette période à cent à l’heure, puisant son énergie dans l’excitation d’une reconversion professionnelle enthousiasmante.

 

Des pensionnaires de 60 à 109 ans !

Elle effectue son stage de fin d’études chez l’un des trois grands du secteur mais c’est chez un des deux autres : Domus-Vi qu’elle trouvera son premier poste qu’elle voulait situé non loin de son domicile à Levallois-Perret pour ne pas passer trop de temps dans les transports au détriment de sa vie de famille.  « J’ai répondu à mon premier entretien de recrutement par téléphone sur une plage d’Angleterre où je passais des vacances en famille », sourit-elle. Les choses s’enchaînent et la voilà directrice à Asnières-sur-Seine d’un établissement accueillant 106 résidents – la plus âgée a atteint l’âge respectable de 109 ans – et dans lequel travaillent 63 salariés.

Elle est aujourd’hui très heureuse de sa reconversion professionnelle. « C’est un poste qui requiert beaucoup d’énergie, confie-t-elle. Mais quel bonheur de façonner un établissement selon ses propres critères. C’est le directeur qui impulse le projet d’établissement comme un sculpteur donne sa forme à une boule d’argile. Je suis constamment sur la brèche, bien sûr, mais j’effectue un travail qui a du sens. Il me semble que je n’ai jamais travaillé aussi dur de ma vie mais je ne manque pas une occasion d’échanger avec mes résidents. Ce sont grandement eux qui me communiquent l’énergie de continuer. »

Heureusement, elle trouve dans la pratique du yoga le moyen de se poser, de retrouver du calme et de canaliser son énergie. Elle essaie également de pratiquer la méditation mais elle avoue manquer de temps pour vraiment s’y consacrer.

Comment voit-elle l’avenir ? « Le secteur va prendre de plus en plus d’importance dans notre société avec l’allongement de la durée de la vie et l’arrivée dans le grand âge des générations plus nombreuses du baby boom. J’ai envie d’apporter ma pierre à ces réflexions et de participer à la définition des établissements de demain. Mon expérience de manager de terrain sera alors un atout. »

 

 

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